L'EXPOSITION COMPRENDRA 31 TABLEAUX CE QUI CORRESPOND A AUTANT DE JOURS D'UN MOIS. ELLE Y DEVOILERA LA COMPLEXITE D'HOMO-SAPIENS

Le 2ème jour
Aylan. C’était son nom. Il incarne une tragédie, celle de l'exil, une réalité cruelle que subissent bien trop d'enfants à travers le monde.
Ce tableau se dresse pour rappeler la perfidie des hommes, pour passer du « je ne peux rien y faire » au « je compatis ».
Bien trop souvent, les hommes tournent le dos à leurs obligations morales, répondant à la souffrance par l'horreur et le mépris. Et ce cycle tragique se répète, encore et encore. Toute la sagesse de l’humanité semble s’évanouir... sur cette plage.

Le 3ème jour
C'est ce jour-là que j'ai ressenti, de la manière la plus proche et la plus authentique, cet amour invisible mais bien présent. Ce jour où j'ai compris que ces deux êtres représentaient le point de départ de mon combat en tant que père. Ils ne seraient pas les seuls à composer ce cercle intime, mais ma femme et mon fils inscrivaient ce moment comme l'entrée dans un amour inconditionnel.

Le 4ème jour
Le jour de l'abandon. Abandon physique ou psychique, les deux sont dévastateurs. Beaucoup se retrouveront dans le regard de cette petite fille, ce jour où la trahison s'est inscrite dans la chair, gravée pour toujours ou enfouie dans l'inconscient, laissant une douleur profonde et implacable. Chaque être humain naît dépendant; seul, il ne peut survivre. Homo sapiens porte en lui une empreinte archaïque qui nous relie à la mère ou à un espace maternant, une quête qui nous accompagne tout au long de notre existence.
Pour cette enfant, être privée de nourriture affective marquera son âme. Ce manque nourrira un sentiment d'indignité, engendrant une culpabilité constante. Ses blessures intérieures la ramèneront inévitablement à cette question fondamentale : "Ai-je le droit d'exister ?"
Un paradoxe poignant de la condition humaine.

Le 7ème jour
Un jour sombre, marqué par un chiffre pourtant sacré dans la spiritualité : le chiffre 7. Mystique et symbolique, il reste néanmoins obscur et incompréhensible pour ceux qui ne font pas partie du cercle restreint des initiés. Ce jour noir évoque 75 ans de conflit autour d'une terre considérée comme sainte par trois grandes religions abrahamiques. En 1987, naît l'Intifada des pierres, offrant un maigre espoir d’un chemin vers l’entente et la paix. Mais c'est finalement le "Dôme de fer" qui s'imposera.
Comment expliquer une telle haine ? Ce sont encore et toujours les enfants qui souffrent des conséquences de cet "irraisonnement" – un mot qui n'existe pas mais qui devrait. Voilà l'illustration parfaite d’un raisonnement par l’absurde. Comment pouvons-nous encore nous nommer Homo sapiens, un terme latin qui signifie "intelligent, sage, raisonnable et prudent" ?


Le 11ème jour,
11 septembre 2001, un moment de plus où Homo-Sapiens se démarque, un jour de basculement dans l'horreur, est-ce le jour d'un nouveau monde.
Cette enfant qui tient dans sa main un fragment de décombre se raccroche-t-elle à un souvenir d'un proche perdu, à quoi songe-t-elle, sera-t-elle le début de cette nouvelle ère, dirigée par la cupidité, l'arrogance, la violence et l'impitié?

Le 22e jour
Le 22 avril 1915 marque un moment sombre de l’histoire : le chimiste allemand d'origine juive Fritz Haber met en œuvre sur le front sa fameuse "constante de Haber" (P = C/T), une formule clé dans l’élaboration de gaz mortels. Ce jour-là, lors de la Grande Guerre, sa création est utilisée pour la première fois en combat. Plus tard, Haber sera également associé à l’invention du Zyklon B, un gaz tristement célèbre pour son rôle dans l’extermination de 6 millions de personnes, dont environ 1,5 million d’enfants, pendant la Shoah.
Haber reste une figure controversée. Certains voient en lui un sauveur de l’humanité, notamment pour ses recherches menant à la création des engrais azotés, qui ont permis de répondre à la famine mondiale. D’autres, en revanche, le considèrent comme l’un des plus grands criminels de guerre de l’histoire.
Est-il celui qui sauve cet enfant, ou celui qui le condamne ?

Le 24ème Jour
Ce jour marque l'apogée du raisonnement par l'absurde : faire la paix par la guerre, ou déclencher la guerre à coups de contre-vérités.
C'est aussi le jour de l'invasion de l'Ukraine. Cette petite fille, qui cherche à se réchauffer près d'une flamme vacillante, doit-elle payer pour un acte aussi insensé ? Elle endure sans comprendre. Comment vivra-t-elle ? Comment réagira-t-elle dans une décennie ? L'homme dit "sage", l'homo sapiens, semble pourtant capable d'une perfidie si glaçante qu'elle en fige l'âme. Comment pouvons-nous lutter, ne serait-ce que pour elle ?

Le 30ème jour
Le corridor de Philadelphie, une bande de terre longue de 14 km et large de 100 m, fruit de l'accord de Camp David en 1979, symbolisait autrefois l'espoir d'une paix durable.
Et pourtant, deux enfants, peut-être frère et sœur, ou peut-être orphelins, veillent l'un sur l'autre. Ils assistent, impuissants, à ce cruel spectacle d'adultes. Que peuvent-ils comprendre ?
Comment leur expliquer ce chaos ? Quelle vision porteront-ils dans dix ans, s'ils survivent ? Leur quotidien est noyé dans la violence et la haine. Leur enfance leur a été volée, et ils n'ont d'autre choix que de subir cette réalité accablante.
L'intolérable a été franchi dès le 7ème jour. Mais est-ce vraiment la seule voie possible ?
Sommes-nous condamnés à rendre le mot "pogrom" banal, un terme vide de sa monstruosité ?
Et pourtant, le 31ème jour arrive.

Le 31ème jour,
Le jour du face-à-face, l’homme se retrouvera face à ses responsabilités. Certains seront confrontés à leur destinée, appelés à répondre devant leur Créateur.
Selon les croyances, et malgré des interprétations parfois contradictoires, des figures comme Moussa, Jacob, Abraham, Moïse et Ésaïe auraient vu Dieu.
Quelles que soient les convictions, une chose semble converger : seul le croyant peut voir Dieu. Les pécheurs, quant à eux, en sont incapables.
- Pour certains, voir Dieu peut mener au salut de l’âme. Dans un acte de repentance sincère face aux péchés, Dieu, juste et irréprochable, jugera équitablement.
- Pour d’autres, "tout est souffrance, tout est désir". Autrement dit : "Je souffre de ce que je désire, car je ne l’ai pas." Ainsi, pour mettre fin à la souffrance, il faudrait éliminer le désir lui-même.
- Dans d’autres croyances encore, le mal ne provient pas du monde divin, mais de la liberté de pensée propre à l’homme.
Au nom de croyances ou d’idéologies, l’homme cherche souvent à s’exonérer de ses responsabilités, évitant tout sentiment de culpabilité. Pourtant, dans presque toutes les traditions spirituelles, un message universel ressort : "Encouragez et guidez les enfants à faire les bons choix."
Mais qu’en est-il d’un non-croyant ? Incapable de comprendre ou de suivre une religion, quelle qu’elle soit, cette personne, en faisant preuve d’honnêteté et d’altruisme au quotidien, ne pourrait-elle pas être qualifiée de sage par ses actes ? Pour un non-croyant, transmettre la sagesse et s’assurer de ne pas nuire aux enfants ne serait-il pas un acte profondément bénéfique pour l’avenir ? Ce non-croyant devrait-il craindre le jour du face-à-face ou, au contraire, l’aborder avec sérénité ?
Homo sapiens est une espèce capable du meilleur comme du pire. L’évolution en est témoin : l’humanité peut engendrer la bonté autant que la violence. Le monde de demain sera façonné par les enfants d’aujourd’hui — un constat valable pour des millénaires. À nous de leur montrer le chemin vers l’élévation plutôt que la chute.
Le jour du face-à-face, le dernier jour, sera-t-il celui où la véritable conscience émerge ?
À quel jour vous identifiez-vous, et quelle sera votre pensée lorsque ce moment viendra ?